Nos Droits

Du rôle du citoyen

«  ll y a des nations où l’habitant se considère comme une espèce de colon indifférent à la destinée du lieu qu’il habite. Les plus grands changements surviennent dans son pays sans son concours ; il ne sait même pas précisément ce qui s’est passé ; il s’en doute : il a entendu raconter l’événement par hasard. Bien plus, la fortune de son village, la police de sa rue, le sort de son église et de son presbytère ne le touchent point ; il pense que toutes ces choses ne le regardent en aucune façon, et qu’elles appartiennent à un étranger puissant qu’on appelle le gouvernement. Pour lui, il jouit de ses biens comme un usufruitier, sans esprit de propriété et sans idées d’amélioration quelconque. ce désintéressement de soi-même va si loin que si sa propre sûreté ou celle de ses enfants est compromise, au lieu de s’occuper d’éloigner le danger, il croise les bras pour attendre que  la nation tout entière vienne à son aide. Cet homme, du reste, bien qu’il ait fait un sacrifice si complet de son libre-arbitre, n’aime pas plus qu’un autre l’obéissance. Il se soumet, il est vrai, au bon plaisir d’un commis ; mais il se plaît à braver la loi comme un ennemi vaincu, dès que la force se retire. Aussi le voit-on sans cesse osciller entre la servitude et la licence.

Quand les nations sont arrivés à ce point, il faut qu’elles modifient leurs lois et leurs moeurs, ou qu’elles périssent, car la source des vertus publiques y est comme tarie : on y trouve encore des sujets, mais on n’y voit plus de citoyens. Je dis que de pareilles nations sont préparées pour la conquête (…)

On ne rencontrera jamais, quoiqu’on fasse, de véritables puissances parmi les hommes, que dans le concours libre des volontés. Or il n’y a au monde que le patriotisme ou la religion, qui puisse faire marcher longtemps vers un même but l’universalité des citoyens. Il ne dépend pas des lois de ranimer les croyances qui s’éteignent : mais il dépend des lois d’intéresser les hommes aux destinées de leur pays. Il dépend des lois de réveiller et de diriger cet instinct vague de la patrie qui n’abandonne jamais le coeur de l’homme, et, en le liant aux pensées, aux passions, aux habitudes de chaque jour, d’en faire un sentiment réfléchi et durable. Et qu’on ne dise point qu’il est trop tard pour le tenter ; les nations ne vieillissent point de la même manière que les hommes. Chaque génération qui naît dans leur sein est comme un peuple nouveau qui vient s’offrir à la main du législateur. (…). »

Tocqueville – De la démocratie en Amérique, tome I – chapitre des effets politiques de la décentralisation administrative aux Etats-Unis –

 

TÉLÉCHARGEMENTS :

DÉCLARATION DES DROITS DE L’HOMME ET DU CITOYEN DE 1789

PRÉAMBULE DE LA CONSTITUTION DU 27 OCTOBRE 1946

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

CHARTE DE L’ENVIRONNEMENT DE 2004

 

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